"Mesdames, messieurs, veuillez attacher vos ceintures, nous arrivons sur Sydney. L'équipage vous remercie d'avoir choisi notre compagnie et vous souhaite un agréable séjour".
L'été approche à grands pas ici, entre la Nouvelle-Galles-du-Sud et le Queensland. Et avec lui s'annoncent les cafards, les orages et une chaleur humide qui fait grimper le mercure.
27 degrés...Et il n'est encore que 9h du matin!
J'ai donc laissé la planche au placard et décidé d'aller me rafraîchir un peu plus au sud (les températures et saisons australiennes sont inversées par rapport à celles de l'Europe) en réservant un aller simple pour Sydney, par avion.
Quant au trajet jusqu'à l'aéroport, il devrait se faire en navette, sans encombre et de la manière la plus rapide qui soit, si j'en crois les dires de l'affiche publicitaire qui trône là sur le comptoir.
Mais les apparences sont parfois trompeuses...
11h30. J'attends ce fameux bus, mais il se fait désirer.
11h45. Toujours rien.
12h00. Je commence à me demander si j'ai bien pris un titre de transport pour aujourd'hui ou si le chauffeur cuve ivre mort ses abus d'alcool de la veille, quelques part dans un fossé de la campagne byronnaise.
12h15. Je suis sur le point d'engueuler le service après-vente au téléphone, quand déboule un mini van à l'angle de la rue.
La quarantaine, un peu d'embonpoint, des cheveux mi longs s'épanouissant en de fines bouclettes blondes, une barbe de trois jours et des allures de vieux surfeur derrière ses Ray-Ban bon marché, le chauffeur en descend, et m'adresse un sourire ultra bright.
Et sur le polo bleu marine, qu'il arbore fièrement, sont inscrits en caractère gras:
"Fiable - Rapide - Confortable. Bus de Byron à Surfers Paradise"
"Service EXPRESS"
- Ouep mon pote. Mais je pars dans quelques minutes, j'ai deux trois trucs à régler d'abord."
- ...
- Tu peux mettre ton sac à l'arrière en attendant. A toute!"
Effectivement le service est, comment déjà?...Ah oui..."EXPRESS"!
Quand je descends de l'avion, l'Australie a un peu perdu de sa superbe.
Le ciel est bas et chargé de nuages, les mines tristes et grises, et le thermomètre affiche 10 degrés de moins.
Je voulais me rafraîchir? Je suis servi!
Je viens de quitter l'un des coins le plus sauvages de la côte est aux allures de carte postale, et me voilà, comme un touriste perdu qui se serait trompé de destination, cherchant désespérément le sable et la mer, noyé dans un flux de costards-cravates et d'attaché-cases sur les quais de la gare.
Pour un peu je me croirais à Paris-Montparnasse, un jour de novembre.
"Mais qu'est ce que je fous là?!!!"
Et je ne suis pas le seul à me le demander.
Avec mon gros sac, mon short et mes lunettes de soleil je dénote un peu, et attire les regards, tantôt amusés, tantôt compatissants, de ceux qui m'arrêtent pour m'indiquer la route à suivre (les australiens sont adorables).
Cette nuit là je dormirai dans un vieil hôtel un peu miteux du sud de la ville, dans le quartier de Chinatown, coincé entre un couple de suédois et un anonyme un peu bruyant.
A cet instant précis, Sydney ne me faisait pas grande impression.
Mais les apparences sont parfois trompeuses...
J'allais vite changer d'avis.
The Opera House |